
Ecrire un livre : le début de l'aventure !
J'ai opéré mon changement de carrière peu avant le confinement de 2020... De quoi me faire une frayeur en passant de salarié à la création de mon activité de coaching.
Mais, comme tout est juste et a du sens, mes acquis en entreprise ont pu prendre la forme d'une fiction afin de transmettre ma vision du changement en entreprise !
Si vous vous reconnaissez dans cette histoire, c'est du pur hasard car je suis sûr que vous faites partie de ceux qui adorent le changement !
Livre très frais sur les fondamentaux du changement
Pinaud chaussures c’est vous ! c’est nous !
Un roman sur le changement en entreprise, il fallait oser, il l’a fait ! Une réussite
L’interview
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Pas de spoilers !
~ Attention, réelle fiction ~
Je préfère vous mettre en garde...Évidemment, la délicieuse ville de Romans-sur-Isère dans la Drôme existe : elle est l’un des berceaux historiques de l’industrie de la chaussure de luxe. L’entreprise Pinaud, par contre, son histoire et les propos comme les comportements de ses protagonistes relèvent de la plus pure imagination de l’auteur.
C’est donc un univers de pure fiction dans lequel vous allez mettre les pieds : dans le monde réel des entreprises, les différents services – commercial, production, comptabilité – interagissent en parfaite harmonie, parce qu’ils sont à l’écoute de leurs différences et de la nature complémentaire de leurs missions.
Dans le monde réel des entreprises, les changements opérationnels sont mis en place sans précipitation, avec un large effort de communication sur le sens de chaque projet, ce qui fait que les collaborateurs y font face avec confiance. Et surtout, dans le monde réel de l’entreprise, nous exprimons librement nos besoins, nos émotions, nos vulnérabilités, nos peurs, ce qui confère à nos relations une fluidité, source d’un profond bien-être.
Bien entendu, dans le cas où cette fiction ressemblerait trop à ce que vous vivez, si vous vous reconnaissez dans le conformisme de Fernand, les maladresses de Steve ou les certitudes de Cécile et d’Antoine, alors réjouissez-vous ! Car en refermant ce livre, vous aurez peut-être pris la décision de faire un pas de côté pour changer cela chez vous, un pas de côté pour agir différemment, contribuant ainsi à modifier favorablement votre réalité comme celle de votre entreprise.
Un matin, peut-être, brosse à dents électrique à la main, vous vous surprendrez à parodier ce poète persan mystique à la pensée aussi puissante que son nom est imprononçable.
Devant votre miroir, vous vous entendrez déclamer solennellement, la bouche pleine :« Hier, ch’étais intelligent et che voulais changer le monde de l’entreprise. Aujourd’hui, che suis sage et che me change moi-même. »Allez, ce n’est pas tout, on badge et on entre chez Pinaud.
Dépôt de départ
Je décide de me resservir du mauvais rosé. Je me retrouve nez à nez avec Mireille, une de ses amies à la production, qui me tend l'enveloppe de la cagnotte, l'air gêné. C'est incroyable ! À chaque départ ou anniversaire, tu crois passer à côté, mais il y a toujours une bonne âme pour prendre l'initiative de faire circuler une cagnotte. C'est souvent la même, d'ailleurs. On dirait que la personne, elle s'achète un statut social dans l'entreprise, "Je suis l'altruiste de service." Je ne sais pas vous, mais moi, je ne sais jamais combien donner : trop, tu passes pour un fayot, le collègue qui se la raconte avec son argent. Pas assez, tu es fiché comme un radin. L'enjeu de la cagnotte, c'est de ne pas être celui dont on va commenter le niveau de don...
Allons-y pour cinq euros. C'est bien, cinq euros. J'ouvre, il y a déjà six billets de dix. La vache ! Populaire, la Marie-Hélène ! Pour le mot, je vais passer mon tour, après tout, je ne la connais pas autant que cela. Je jette comme tout le monde un regard sur ce qu'ont écrit les autres. Sa collègue Josette a tartiné la moitié de la carte, l'air de nous dire : « Je suis sa meilleure amie, c'est moi qui l'aime le plus... » Sinon, pour les autres témoignages, personne ne s'est vraiment foulé. Je ne bosse pas avec des prix Goncourt ; ceci dit, ce n'est pas ce qu'on leur demande.
"Profites-en bien, Marie-Hélène, Affectueusement" "Tu vas nous manquer, Amitiés"
Au fond en bas, il y a une écriture pattes de mouche. Le texte n'est pas signé, mais tout le monde aura reconnu cette espèce de fou du service informatique qui collectionne les insectes morts. C'est un message du genre « je règle mes comptes ». Il en faut toujours un.
"Chère Marie-Hélène,
Nous ne nous sommes jamais bien entendus, mais je te souhaite tout de même une bonne retraite avec ton mari."
Je retiens un rire puissant. Je doute que ce témoignage améliore leurs relations, le mari est mort l'année dernière, paraît-il. Quelques applaudissements me font sortir de ma rêverie, c'est Marie-Hélène qui a pris la parole pour remercier :
« ...et pour terminer, je ne dirai qu'une seule chose : 'Pas de 37 dans l'assiette !' »
Ah oui, « Pas de 37 dans l'assiette ! » J'ai déjà entendu Fernand crier cela de son bureau. Tout le monde le répète comme un mantra sectaire, mais personne ne semble en mesure de m'expliquer ce que cela signifie. Nouveaux applaudissements maussades. Toujours pas de Cécile en vue. Je sens que cette augmentation va me passer sous le nez. J'ai le cœur serré. En fait, je suis un peu prisonnier de ce job, cela me rend fou.
~ Le fruit défendu est une grosse pomme ! ~
25 Janvier 2019 - La tentation de Steve Pinaud
Cela fait maintenant trois semaines que j'ai fait ma rentrée des classes. C'est comme s'il s'était écoulé une année. Papa m'avait prévenu, ou plutôt non, il m'avait dit : « Fais-toi ton idée, je ne te dis rien. » J'ai le sentiment d'être seul contre une armée de moulins à vent, moulins qui de surcroît ne sont pas tous orientés dans le même sens.
Le coup de fil que je reçois ce matin de Maxime, mon colocataire de Harvard, rajoute de la confusion. Après deux-trois bêtises échangées, notre conversation se fait plus pesante :
« Alors, Steve, la boîte à papa, tu t'en sors ? »
Le ton est moqueur, mais je sais que la préoccupation est sincère.
« Disons que c'est le début. J'avance bien, mais je n'ai pas encore terminé mon diagnostic. Une chose est certaine, j'ai étudié les comptes : si on continue ainsi, nous n'en avons plus pour très longtemps... Pour être transparent, mon pote, je crois qu'avec mon comité de direction, j'ai la cote de popularité de Sarkozy après quatre ans de mandat... »
« Ah merde. Même pas eu droit à tes cent jours de grâce, alors ? »
« Non... à peine cent heures ! Et encore, peut-être pas ! »
C'est tout de même agréable pour un chef d'entreprise de pouvoir parler librement de ces vrais sujets. Ce n'est pas avec mon comité de direction ni avec mon père que je peux partager mes angoisses.
~ Du neuf avec l'ancien ~
19 février 2019 - Machine à café
On peut lire dans le journal Les Échos de ce matin que les frères Lebreton ont coulé la boîte familiale de plats cuisinés en moins de trois mois. Il faut préciser que le père ne leur avait pas dit que dans ses raviolis au bœuf, il mettait du cheval importé de Croatie.
Steve, lui, ne trouve plus de poussières sous le tapis, non, mais une couche épaisse de désillusions s'étale un peu partout sur les bureaux. Notre chiffre d'affaires continue à s'effondrer, notre modèle de distribution doit être remis en cause.
Pourtant, Steve s'accroche. Il y a trois semaines, il a proposé de modifier l'identité visuelle de la société autour d'un nouveau nom commercial, « Maison Pinaud », avec un slogan qui me paraît à moi assez pertinent : « Compagnon de marche depuis 1930 ».
Je trouve cela très créatif, l'idée de faire du neuf sans renier l'ancien. Comment croyez-vous que son comité de direction ait accueilli ce changement ? Mal. Le jour de l'annonce, Cécile a traversé le hall furieuse, non pas de l'idée, mais plutôt de n'avoir pas été assez rapide pour être à l'origine de la proposition.
Furieuse sans doute à l'idée que le jeune patron – contrairement à Fernand – puisse se passer de ses talents de marketeuse.
Emmanuel a réagi avec encore plus de pleurnicheries qu'à l'accoutumée. Je l'ai entendu dire à Sylvie de la compta avec une vibration dans la voix : « C'est le pompon ! Je suis en colère ! On dirait que cette boîte a honte de faire de la chaussure ! On dirait un nom de chocolatier ! Que vont penser nos clients ? Que penserait Monsieur François ? Je ne vais pas me laisser faire, je vais garder mes anciennes cartes de visite... »
Tout cela pour une enseigne. Toutes ces réactions pour une idée, une idée qui me semble juste de surcroît. Cela n'augure rien de bon sur la capacité de la boîte à se réinventer si un tel changement provoque déjà des manifestations si disproportionnées. Car ce n'est que le début des transformations...